Journées d’Études «Moyen-Orient»

Journées d’Études « Moyen-Orient » : Vers un nouvel ordre au Moyen-Orient ? 

Organisées par Daniel Meier et Jamil Sayah 

Depuis deux ans déjà, le Moyen-Orient connaît un processus de dérégulation de la violence (Salamé, 2024) notamment souligné par l’action guerrière d’Israël contre ces ennemis historiques : le Hamas, le Hezbollah et le régime iranien. Vu de Palestine, la relation agonistique avec Israël ne fait que prendre une forme plus radicale avec une tendance génocidaire observée à Gaza depuis le lendemain du 7 octobre. Vu du Liban ou de Téhéran, la stratégie israélienne basée sur la force militaire s’apparente davantage à une logique de régime change au risque d’introduire une déstabilisation des sociétés, une crispation des acteurs politiques locaux et une croissante incertitude pour les équilibres géopolitiques. Vu de Syrie, la dynamique régionale s’apparente à une transition politique qui, bien que chargée d’espoir pour la population, n’offre aucune garantie de stabilité tant les antagonismes et les clivages identitaires et/ou confessionnels sont profonds. 

Spectateurs plus qu’acteurs, les autres États de la région, notamment les poids lourds – Arabie Saoudite, Turquie, Égypte – semblent tétanisés par ces mutations qui résonnent comme un retour à l’État de Nature où la domination militaire israélienne sert de paravent à un nouvel ordre régional américain bâtit sur la violence et la peur au nom de la « paix » voire de la « civilisation ». Pourtant, dans ce contexte, l’acteur américain lui-même semble impuissant à pleinement contrôler son allié local, lequel a compris tous le pouvoir qu’il peut tirer de cet état de fait à l’échelle de la région, au mépris du droit international, de l’ordre international post1945 et de leurs institutions. Le courage politique manque encore plus cruellement aux dirigeants occidentaux qui, par l’absence de toute mesure de rétorsion contre les agissements israéliens, semblent ratifier cet ordre de la violence. Les déclarations du Président Macron et du Chancelier allemand Merz sur les attaques israéliennes et américaines en Iran tordant encore davantage le bras au droit international. Comment qualifier l’ordre politique régional qui prend corps sous nos yeux, au milieu des massacres de civils et des destructions dignes de la seconde Guerre Mondiale ?

Ces journées voudraient jeter les bases d’une analyse des dynamiques à l’œuvre dans la région, autour de trois thèmes saillants qui permettent d’esquisser cette nouvelle époque : le retour de la guerre comme outil de domination, les enjeux identitaires inhérents au facteur religieux et les incertitudes qui pèsent sur les sociétés (le cas des Kurdes, l’exemple irakien). 

Trois demi-journées vont rythmer cette rencontre avec trois questions relais : 

• De quoi les guerres contemporaines sont-elles le nom ?
• Comment les identités confessionnelles se recomposent-elles dans pareil contexte ?
• Quelles incertitudes et (dés)ordres politiques ces transitions génèrent-elles à l’échelle des sociétés ?

Pour chaque demi-journée, trois intervenants sont prévus. Cela doit faciliter des échanges approfondis (30 min) autour de chaque présentation (30 min) afin de permettre aux étudiants non seulement de co-produire du contenu, mais également de tirer profit de la présence de chercheur-e-s français et étrangers.