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Etude criminologique du filicide-suicide

Comprendre pour prévenir

Criminologie

Porteurs de projet :  Jérôme FERRAND, Catherine BLATIER, Virginie SCOLAN

Membre du projet : Bénédicte FISCHER, Sandrine IRACHABAL, Lila KREBS-DROUOT, Christian LENNE, Isabelle NAHMANI

Financé par l’Institut des études et de la recherche sur le droit et la justice (IERDJ)

Fin de projet : janvier 2025
Référence du projet : Réf. 21.51

Alors qu’en France la lutte contre les violences faites aux enfants a été inscrite à l’agenda politique en 2017, l’absence de données précises sur le nombre d’enfants tués à la suite de violences intrafamiliales contrevient à la mise en œuvre de toute action publique d’envergure. Pourtant, dans une estimation qu’elle considère elle-même en-deçà de la réalité, la mission interministérielle sur les morts violentes d’enfants au sein des familles avance qu’un enfant est tué par l’un de ses parents tous les cinq jours.

Établi sur la base d’informations contenues dans les dossiers judiciaires et recueillies d’après une méthodologie peu satisfaisante, ce chiffre ne permet pas de prendre la mesure du phénomène et témoigne de l’absence d’outil capable d’accompagner les politiques publiques sur ce sujet. La production de statistiques fiables relatives aux filicides se heurte en effet à l’éclatement des acteurs institutionnels appelés à en connaître et à l’absence de traitement spécifique du crime perpétré au sein de la famille. Il est par ailleurs fréquent que l’auteur se suicide après le filicide, cet acte entrainant l’extinction de l’action publique, le désengagement consécutif des pouvoirs publics en général et de la recherche en particulier. Le projet « Étude criminologique du filicide-suicide – comprendre pour prévenir » entend mettre fin à cette situation.

Dans la mesure où le filicide-suicide est un objet criminologique complexe qui ne peut être correctement traité que par une équipe pluridisciplinaire, le présent projet associe l’expertise de chercheurs en sciences sociales à celle de praticiens en médecine légale. Il offre ainsi l’opportunité de relever un défi d’ordre méthodologique et vise une meilleure connaissance de ce phénomène par la collecte raisonnée de données sur le quart Sud-Est du territoire national.

Entrepris dans une dynamique de recherche-action, ce projet permet de faire connaître un crime rendu invisible par le suicide de son auteur et que le traitement médiatique réduit au drame familial venant alimenter la rubrique des faits divers. Il favorise également le décloisonnement et la mise en réseau d’acteurs jusqu’à présent isolés dans leurs pratiques professionnelles. Ses retombées sont importantes car il est de nature à permettre la mise en œuvre d’actions de prévention auprès des personnels de santé et des services recevant les plaintes de violences conjugales ou familiales, ainsi que la réalisation d’actions de postvention auprès des associations de victimes et du grand public.

Ce projet est centré sur un type de passage à l’acte homicide singulier que sont les filicides-suicides, c’est-à-dire le meurtre d’un ou plusieurs enfants d’une même fratrie par un de leur parent avant son propre suicide. L’autre parent peut être la victime d’un homicide conjugal, mais est parfois « laissé vivant » de manière volontaire par le parent meurtrier, afin qu’il souffre du suicide de son ex-conjoint et du ou des homicides de ses enfants. Ce type de passage à l’acte peut être sous tendu par un contexte et des facteurs précipitants particuliers, s’opérant à divers niveaux, sur lesquels nous axons notre travail.

Les objectifs de cette recherche multidisciplinaire sont criminologiques, judiciaires et médicaux. Ils se réaliseront à travers l’étude des données thanatologiques, des données médicales, et des données de l’enquête aux fins d’une part d’étudier l’importance de ce type d’actes meurtriers et d’autre part d’identifier des signes « prédicteurs » de tels passages à l’acte, en collectant le maximum de données et en les regroupant afin de mettre en évidence les facteurs de risques (contextuels, psychiatriques, psychologiques, et médico-légaux) et les éléments communs, s’ils existent, dans l’environnement culturel et social des divers auteurs.

Il s’agira d’envisager des moyens de prévention et de sensibilisation s’adressant aux professionnels de santé, aux travailleurs sociaux, et aux professionnels du domaine judiciaire, ainsi qu’aux proches des familles en situation de crise et de séparation conjugale. Ce projet permettra également une meilleure compréhension du phénomène pour les magistrats et juristes en charge de ces dossiers complexes.

Offre de stage filicide-suicide.

Publié le 21 juin 2019

Mis à jour le 22 janvier 2024