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Questions coloniales et postcoloniales

Initié en 2016, le symposium a poursuivi son examen des « questions coloniales et postcoloniales » en 2017, non dans l’objectif de rendre compte ou de prendre place dans une école de pensée particulière ou un champ d’études plus ou moins structuré, du type « postcolonial studies » et de mobiliser des constructions théoriques a priori, mais de privilégier une approche des problèmes concrets.

Problématique

La question très générale qui nous guide pourrait donc être ainsi formulée : « Que nous a fait et que continue à nous faire un type de gouvernement que l’on pourrait nommer « colonial » ? » Étant entendu que cette notion de gouvernement (compris par exemple à partir de Foucault) implique l’articulation entre des visions du monde, des discours (savants, moraux, juridiques, esthétiques etc.), des pratiques s’inscrivant dans des dispositifs matériels et des formes de subjectivations (de rapports réflexifs et corporels à soi et aux autres). Peut-on, d’hier à aujourd’hui, établir un pont permettant de circonscrire et de spécifier les réalités que pourrait recouvrir la colonialité comme mode de gouvernement ?

Objectif

L’objectif de ce séminaire a donc été d’abord de cerner progressivement un concept de gouvernement colonial qui puisse rendre compte de toutes ces dimensions et de leurs articulations. Il a ensuite visé à permettre l’évaluation, éthique et politique, de ce gouvernement, en particulier dans ses formes actuelles, plus ou moins explicites. Comment identifier ce qu’il y a de « colonial » dans les manières dont nous sommes, tous, gouvernés ? Et par suite, quels types de résistances sont adéquates à cette manière d’être gouverné ? 

Applications

Cinq sessions se sont tenues en 2017.

Matthieu Renault (philosophe, Université Paris 8) a d’abord proposé une cartographie du champ intellectuel des études coloniales et postcoloniales.

Ensuite Dénétèm Touam Bona (philosophe, écrivain) a proposé, d’une part, une réflexion sur les rapports entre la figure de l’esclave et celle du migrant autour de la notion de marronnageenvisagée comme geste de résistance liée à la gouvernementalité coloniale ;d’autre part, une étude du cas de Mayotte et du traitement des migrants comoriens comme exemplaire d’une politique, non pas postcoloniale, mais bien coloniale.

La voie d’une analyse plus juridique de la question a ensuite été suivie avec Silvia Falconieri (historienne du droit, CNRS-EHESS) qui a interrogé la manière dont la « race » pouvait apparaître dans les catégorisations juridiques, en particulier à travers les signes physiques et les modes de vie, à l’aide d’une étude comparée des empires coloniaux français et italiens.

Isabelle Merle (historienne, CNRS-EHESS) a, elle, proposé un retour sur une expérience de terrain interrogeant la place de la justice coutumière en situation (post)coloniale en Nouvelle-Calédonie et, en particulier, les « frottements » avec les concepts, les manières de faire et les acteurs de la justice « républicaine ».

Enfin, Olivier Le Cour Grandmaison (politologue, Université d’Évry-Val d’Essonne) a centré son analyse sur un dispositif articulant des catégorisations juridiques, des constructions savantes et des pratiques répressives visant à gérer « la sexualité des colonisés » comme sexualité singulière. Pour autant, il a montré comment ce traitement « d’exception » n’est pas resté cantonné à la situation coloniale mais a connu un retour institutionnel en métropole.

De ces premières interventions ont émergé des questionnements récurrents appelés à structurer nos investigations futures autour d’une question indépassable : peut-on, et le cas échéant comment, penser les continuités et les ruptures entre « gouvernement colonial » et « gouvernement non-colonial » ? Cette interrogation se décline en de multiples couples, non pas d’opposition, mais de relations complexes largement impensées : colonie/métropole, coloniaux racisés/blancs métropolitains, exception/règle, biopolitique/sous-citoyenneté/citoyenneté de plein exercice, colonial/postcolonial/néocolonial/non-colonial, etc. 

Equipe projet

Responsables du projet :
Jérôme Ferrand (laboratoire CERDAP²)
Olivier Razac (laboratoire PPL)

Membres du projet :
Matthieu Renault (Université Paris 8)
Dénétèm Touam Bona
Silvia Falconieri (EHESS)
Isabelle Merle (EHESS)
Olivier Le Cour Grandmaison (Université d’Évry-Val d’Essonne)
 

Partenariat

Laboratoire CERDAP² (Sciences-po / UGA)
Laboratoire PPL (UGA)

Publié le 6 décembre 2018

Mis à jour le 29 novembre 2019